Grand jeu sans frontières des blogueurs mangeurs de disques
Ce souvenir, cette petite madeleine, c’est notre quartier d‘enfance
Un quartier construit au tout début des années 60 et qui s‘est rempli de plus de 20 000 âmes en quelques mois.
Un quartier où l’apprentissage de la vie à la verticale se passait sereinement, en toute convivialité. Un quartier qui, aux heures des repas, sentait le couscous, les sardines grillées, le bœuf bourguignon, la paella et les nems.
Un quartier où la langue française s‘agrémentait de mots divers et variés, empruntés à nos voisins de palier qui, eux- mêmes, les avaient rapportés d‘une terre lointaine.
Un quartier où, dès les beaux jours venus, les cris stridents des plus petits se mêlaient aux crépitements des pétards mitraillettes des à peine plus grands, tous surveillés du coin de l’œil par les mères qui papotaient à quelques encablures, pendant que les pères s’affrontaient à la pétanque sur des jeux improvisés au milieu des terrains vagues,
engageant des parties qui prenaient des allures de championnats interplanétaires.
Un quartier qui, grâce à sa diversité, à sa solidarité, était très plaisant à vivre, même si le simple fait de pisser un peu tardivement vous exposait, le lendemain, aux regards cernés et vengeurs, mais compréhensifs, des voisins.
1974 marquera la fin de cette époque douce, mais on ne le savait pas encore.
Et 1974, pour moi, Man, c’est MFSB (Mother, Father, Sister, Brother), le titre TSOP (The Sound Of Philadelphia) ! C’est, en tout cas, ce style qui s’imposait, doucement mais sûrement, dans notre quartier. Quant au Marius, étant encore minot, il découvrait « l’ile aux enfants » à la télévision, et c’est tout.
C’est le temps où toute la petite bande que nous formions commençait à se viriliser et se mécaniser... Ou l’inverse. L’acquisition des premières Motobécane « Bleue » et autres « 103 » Peugeot nous permettait, maintenant, en plus, de proposer aux gadjis de faire un tour sur le porte-bagage, fiers, la goldo au bec, tout en jalousant les plus vieux qui frimaient sur leur « Malaguti » ou, nec plus ultra, leur « Gitane Testi ». Le temps de la liberté : nous pouvions aller voir plus loin, pouvions entendre plus loin !
Et, musicalement, le Rock et la variété franchouillarde rencontraient des concurrents sérieux restés jusqu’alors plutôt confidentiels. La Soul, puis le Funk et le Disco, tout ce beau monde se bousculait au portillon de la notoriété, donc des Grandes Ondes et des émissions de télévision. Entendus et vus par le plus grand nombre.
Et, même si ce titre débute façon variété disco sirupeuse, l’ambiance évolue vers une Soul du feu de dieu mine de rien !
1977, l’année du Marius ! « L’ile aux enfants », c’est bien, mais bon, il y a mieux.
Les gones pétaradants de 1977 se baladaient maintenant avec leur Ghetto-Blaster, le son à fond les manettes. Et, sur les parkings enfin goudronnés, les cris des enfants étaient souvent couverts par les hurlements des autoradios des plus vieux.
Les « Gitane Testi » s’étaient transformées en carrosses équipés de pare-soleil autocollant, d’une paire de bulles, de jantes nid-d’abeilles, du liseret qui fait sport et du dernier Pioneer muni d’une paire d’enceinte de 30 centimètres de diamètre pièce. Pour ce dernier, on pouvait estimer que l‘équipement audio suivait parfaitement l‘évolution de la musique. Fallait que ça fasse boum boum ! Et fort. Et ça le faisait.
Et si un titre fait boum boum à cette époque, résonne dans le quartier, c’est bien « Let’s Clean Up The Ghetto » des mêmes MFSB.
koOZZOok
45 T
TSOP ( The Sound Of Philadelphia)
Touch Me In The Morning
Let's Clean Up The Ghetto (12" Version) 08:39
La mobyx d'une cop's
Ho yeah ! Putain, ce qu'on a pu déconner avec ce brellon. D'ailleurs, un jour, on lui a rapporté complètement destroy.... :O) Si mes souvenirs sont bons, il était tout en plastoque, on avait tout pété.
