canut

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5.7.11

Chico Magnetic Band - Chico Magnetic Band




1 commentaire:

Ma a dit…

S’il en est un qui est craint comme la peste sur la scène lyonnaise, c’est l’ami Mahmoud Ayari, dit Chico, immigré tunisien, freak déjanté et outrancier, fou de Jimi Hendrix et fou tout court. De Valence où il débute dans un orchestre de bal, à Lyon où il forme Chico And The Slow Death(1969), après un intermède avec les très estimés locaux de Soulfinger’s, des chapiteaux de ses débuts au West Side Club ou au Palais d’Hiver lyonnais, du Golf Drouot au Midem, en passant par la tournée CBS Tour De France Pop Music, partout où Chico passe, les organisateurs tendent le dos. Sur l’échelle de Richter de la connerie, des excentricités provocatrices et des facéties qui virent au cauchemar, quand ce n’est pas à l’incident (bagarre générale au Gibus) ou l’incendie (il se coiffe souvent d’un casque bourré de mèches qu’il allume sur scène ou se baigne dans une bassine), Chico, Showman No Limits, ingérable sur et hors scène, pousse le bouchon tellement loin, qu’il devient un boulet dans le milieu et pour ses pairs comme Arthur Brown, dont il fait une première partie en 1969, pas du tout du goût de la star britannique, pourtant pas la dernière à travailler du chapeau. Le Chico, là où il passe, plus rien ne repousse. Et ce n’est pas le passage sous la bannière Chico Magnetic Band qui change quoi que ce soit aux frasques et aux démesures du déluré. La popularité ne fait qu’accroître la schizophrénie et creuser le fossé avec ses congénères. Ce changement d’identité se fait alors que Chico signe chez CBS qui a vent des reprises d’Hendrix qu’El Fenomeno pratique avec explosivité et de ses prestations scéniques volcaniques. C’est cependant chez Vogue via un sous label, que se fait le premier témoignage vinylique du zozo. Autour de lui, rien qui ne puisse réfréner les poussées braques du cinoque : les Garel, Mazet et Monneri n’ont pas vocation de garde du corps ; ses complices du moment préfèrent plutôt s’atteler à la réalisation de l’album éponyme de début juin 1971. De toutes façons, toute tentative de récupération de l’azimuté en question est vaine. Chico, malgré tout attachant et qui ne laisse pas indifférent, est la figure emblématique régionale d’un art dont il voue un véritable culte à une de ses plus éminentes légendes : Hendrix. Sous la houlette de Jean-Pierre Rawson, manager, le LP, prévu pour être intitulé Slow Death In Mind, est enregistré dans les studios parisiens Wagram et ceux d’Europa Sonor (où Aphrodite’s Child a réalisé son extraordinaire 666). Si l’album ne gonfle pas le tiroir-caisse du CMB, étant un bide commercial, sur le plan artistique, on lui fait les yeux doux. On, ce sont les européens en général, les anglais, plus particulièrement, et même les ricains, pourtant bien nantis dans le genre rock lourd et psychédélique. Aussi lourd pour l’âme que pour les étagères à mégots, ce disque (court) sous psychotropes, emprunte à l’icône de Seattle, un Cross Town Traffic, pour le restituer dans une mouture parfois hésitante. Les autres sources alimentant ce puits, de turbulence sauvage, d’excentricités sonores expérimentées et de délirium hendrixien infusé aux graines de Sabbath, sont autant de trips sous acide : d’Explosion à Pop Orbite, huit titres à la réputation de killers, nous renvoient à une section rythmique familière, celle de l’Experience et révèlent des guitares aussi impétueuses que les effets sonores sont flippants. Côté vocal, l’anglais de notre zinzin d’origine maghrébine tient plus du borborygme que du chant et il doit bien y avoir une cause chimique à cette cacophonie linguistique. Gaffe, c’est grave Docteur Cinoque ! Avec un coup de bol, mes connaissances de la langue de feue Lady Di, m’autorisent, dans cet échevellement difficilement compréhensible, à saisir un mot ou deux figurant dans l’Harraps. Mais, bon… La technique de l’ingénieur du son fait le reste. Dans le pop progressif de l’époque, il est difficile de trouver mieux (PLO54).